L’Asus ROG Ally était inévitable. Après la preuve par le Steam Deck que les consoles portables/PC gaming n’attiraient pas qu’une niche microscopique de joueurs, il n’était qu’une question de temps avant que les grands noms du matériel PC ne prennent le train en marche. Cette fois, avec des composants plus puissants, et aucun souci de compatibilité comme pour le Steam Deck ayant poussés Valve à créer un système de vérification complet.
Nous présentons aujourd’hui le ROG Ally basé sur Windows 11. Et il est plus fin et plus rapide que le Deck, avec un écran supérieur 1080p/120 Hz qui l’aide à se rapprocher des PC gaming conventionnels sans avoir à trimballer un PC portable de 2 Kg. De plus, son prix de 700 € est honnêtement moitié moins élevé que ce que j’aurai cru en premier lieu, du fait de son badge ROG.
Je l’apprécie, et si vous attendiez une console portable Windows plus abordable que la gamme Ayaneo, j’imagine que vous allez l’apprécier aussi. Mais il n’a pas pour autant le dernier mot en matière de PC gaming portable ; il semble que finalement, un OS pour PC classique n’aide pas seulement un tel appareil, mais a parfois tendance à le handicaper.
Caractéristiques de l’Asus ROG Ally :
- CPU/GPU : AMD Ryzen Z1 Extreme APU
- RAM : 16 Go LPDDR5
- Stockage : SSD NVMe 512 Go
- Affichage : IPS 7 pouces, 1920×1080, 120 Hz
- Ports : 1x USB-C, 1x 3,5mm, 1x connecteur Asus XC, 1x microSD
- Dimensions : 280x113x39 mm
- Poids : 608g
Physiquement, le ROG Ally impressionne. Outre la sensation de très légère mollesse des sticks analogiques et des boutons arrière, il semble aussi rigide et solide que le Steam Deck, avec une prise en main moins franche mais toujours efficace. Il est également plus léger que le Deck, et ses deux ventilateurs sont plus silencieux que le ventilateur unique du Deck lors du jeu. Et c’est vrai même en profil Performances par défaut, sans parler du mode Silencieux.
Personnellement, je ne trouve pas la position plus basse du stick droit aussi intuitive que les contrôles symétriques du Deck. Je sais qu’il copie essentiellement les manettes Xbox, et vous pourriez ne pas voir le problème si vous n’avez pas d’immenses mains de clown comme les miennes. Mais je dois généralement plier ma main droite vers le bas pour gérer le stick, ce qui signifie que le côté droit du ROG Ally ne vient pas se loger aussi bien dans la paume de ma main que le gauche. Je vous l’accorde, je ne me suis jamais senti mal à l’aise avec la prise en main de la console, et les sticks en eux même sont précis et pratiques.
Tous vos jeux préférés, jouables dans le milieu d’un champ de la creuse.
Evidemment, vous n’aurez pas de trackpads comme sur le Steam Deck, et le ROG Ally dispose de moitié moins de boutons à l’arrière. Ces derniers sont cependant plus faciles à utiliser, je trouve que les boutons plats et durs du Deck peuvent être difficiles à utiliser sans tendre complètement ma main. Les boutons du ROG Ally sont plus légers et avec un retour plus franc, sans pour autant être trop sensibles aux pressions involontaires.
Globalement, le ROG Ally est plutôt bien conçu. Bien que cela ne soit pas une excuse pour le vendre sans étuis de transport, ou simplement quelques protections dans la boîte. Franchement Asus, c’est un ordinateur portable ! Même le Steam Deck le moins cher n’est pas vendu dans une misérable boîte rigide. Avec le ROG Ally, c’est un achat en option de 25 € supplémentaires.
Ce qui rend cette omission vraiment cynique, c’est que le ROG Ally mérite d’être protégé, surtout avec son écran 7 pouces. Là où l’écran 800p légèrement délavé du Steam Deck reste une de ses rares faiblesses, l’écran IPS du ROG Ally possède des caractéristiques exceptionnelles : résolution 1920 x 1080, taux de rafraichissement de 120 Hz (deux fois plus élevé que le Deck), traitement anti-reflets Gorilla Glass DXC, etc, etc. Et c’est l’un de ces moments où les chiffres ne mentent pas, cet écran est splendide.
Et les bords sont également plus fins que ceux du Deck.
Les écrans les plus petits ne profitent pas toujours de plus hautes résolutions, mais ici vous pouvez vraiment voir l’amélioration de netteté apportée par la 1080p, et en jeu avec un framerate suffisant, le taux de rafraichissement de 120 Hz est clairement plus fluide que les 60 Hz du Steam Deck. Les couleurs sont aussi beaucoup plus vives : j’ai enregistré une couverture de 93,6 % du gamut sRGB par le ROG Ally, contre seulement 63,7 % pour le Steam Deck. Les rapports de contraste sont quasiment identiques avec 1239:1 sur l’Ally et 1241:1 sur le Deck, et le petit PC de Valve offre une meilleure luminosité avec 596 cd/m² en pic contre 501 cd/m² pour l’Ally.
Quoi qu’il en soit, l’écran d’Asus est clairement plus beau à regarder, et sa luminosité suffit à jouer dehors avec le soleil de l’après-midi. Le traitement anti-reflets joue également un rôle ici. Malgré un verre qui reflète plus sur le ROG Ally que celui du Steam Deck haut de gamme plutôt mat, il ne vous renvoie pas de lumière au visage. Le seul inconvénient est que vous verrez votre visage blanchâtre lors des écrans de chargement noirs, et de la même manière que vous n’aurez peut être pas de soucis avec la prise en main, cela pourrait ne pas vous déranger si vous ne ressemblez pas à un œuf d’autruche abandonné.
Si l’écran semble super sombre sur certaines de ces photos, ne vous inquiétez pas, je manque simplement de connaissances de base en photographie.
Il y a en réalité un autre point d’inquiétude. Avec une résolution plus importante, comme n’importe qui ayant passé le cran supérieur en matière d’écran gaming viennent des soucis de performances pour votre CPU et GPU, ce qui limite le framerate. La réponse du ROG Ally à cela est l’AMD Ryzen Z1 Extreme, un APU conçu spécifiquement pour apporter des performances gaming solides sur une machine portable avec un faible voltage. C’est la même approche que Valve a employé avec l’APU « Van Gogh » du Steam Deck, demandant à AMD de concevoir une puce idéale plutôt que de faire entrer une puce PC portable au forceps dans une machine pour laquelle elle n’a pas été conçue, sauf qu’ici le Ryzen Z1 Extreme est meilleur que le Van Gogh à tous les niveaux. Architecture plus récente, plus de cores et threads, vitesse d’horloge plus élevée, plus d’unités de calcul GPU, tout ça.
Alors, est-ce que cela suffit à surpasser les performances du Deck ? Même en plus haute résolution ? Oui à la première question. Pour la seconde, mmh, pas vraiment.
Tous les résultats sont enregistrés avec le ROG Ally en mode Performances et sur batterie.
On ne peut pas dire que le ROG Ally manque de chevaux sous le capot par rapport au Deck, mais cette résolution 1080p ralentit grandement les choses. Avec quelques exceptions comme GTA V et F1 2022 (d’un cheveu), tirer avantage de la résolution maximale du ROG Ally vous coûtera un framerate inférieur à celui du Deck.
Mais si vous descendez à 720p, le ROG Ally reprend l’avantage. Ces deux jeux, encore une fois, GTA V et F1 22, donnent un avantage net au Steam Deck, bien qu’un jeu tournant à moins de 60 i/s soit visiblement plus fluide même avec quelques i/s en plus. Cyberpunk 2077 par exemple est significativement plus fluide en 720p sur le ROG Ally, une différence de 8 i/s peut ne pas sembler énorme sur le papier, mais c’est 27 % de plus que sur le Deck.
Et cela n’est pas limité aux jeux faciles à benchmarker listés ci-dessus. Le remake de Resident Evil 4, un peu compliqué à faire tourner correctement sur le Deck, est bien plus fluide en 720p sur le ROG Ally. Tout comme The Last of Us Part 1, qui avec l’ajout de la mise à l’échelle FSR2 en mode Performances devient plus facile à maintenir au-delà des 30 i/s.
Il n’y a peut être pas d’étuis de transport fourni avec, mais vous avez tout de même… ce petit pied en carton ?
Mais la magie du Steam Deck montre parfois le bout de son nez, lui permettant de rivaliser avec l’Ally là où sur le papier, il ne devrait pas. Une victoire totale dans Total War: Three Kingdoms démontre bien ce fait, tout comme les performances du Deck en 720p sur Dying Light 2 et Shadow of the Tomb Raider. Et pour ces jeux qui sont clairement au-delà des capacités du Deck, le ROG Ally ne fera pas toujours forcément mieux : Returnal, même descendu aux paramètres les plus bas et en 720p n’atteint pas un framerate jouable sur le Z1 Extreme.
Et pourtant. Et pourtant. Même si l’intérêt du 720p rapide n’est pas aussi fort lorsque vous payez pour, vous savez, du 1080p, est-ce que les performances du ROG Ally en 1080p Full HD sont si mauvaises ? Non, pas vraiment. Il parvient à tenir largement au-delà de 30 i/s dans la plupart des jeux, et vous pouvez vous attendre à dépasser les 60 i/s dans les jeux les moins gourmands, qui sont des milliers.
L’Ally est également mieux équipé pour jouer sur un écran connecté, ce qui est faisable facilement avec n’importe quel hub ou dock USB-C qui se respecte. Le Steam Deck peut également être branché à un écran externe, mais comme ils seront quasi forcément en plus haute résolution que 1280 x 800, ils pousseront la puce Van Gogh dans ses derniers retranchements. Le ROG Ally de son côté est conçu pour le 1080p, donc un écran full HD ne lui fera pas autant de mal.
Il y a également plus de jeux disponibles, car Windows 11 permet d’éviter les soucis de compatibilité avec les anti-cheat et launchers que doit gérer SteamOS. La compatibilité du Deck s’est drastiquement améliorée sur cette première année, mais certains jeux restent bloqués ; il n’est toujours pas possible de jouer à vos jeux PC Game Pass via l’appli Xbox, par exemple, à moins que vous ne les streamiez. Le ROG Ally n’a pas de type de problème, donc si vous pouvez installer un jeu ou une appli sur votre PC Windows, vous pouvez également l’installer ici.
Et c’est génial, surtout si vous voulez un PC pas cher pour une utilisation bureautique en plus d’une machine pour jouer à des jeux. Cependant, il y a aussi le revers de la médaille de cette compatibilité, et quelque chose qu’il est impossible d’ignorer : la présence du Windows Bullshit™.
Windows Bullshit™ est chaque petit moment irritant d’infidélité logicielle que vous pouvez vivre sur votre PC, mais porté au format portable. Les installations qui restent bloquées. Les applis Windows qui passent du mode plein écran au mode fenêtré sans qu’on leur demande. Le ROG Ally qui passe en mode veille alors qu’on a spécifiquement sélectionné le mode toujours éveillé. Le bloatware, en particulier celui d’Asus. Et c’est également la façon dont le stick droit contrôle parfois un curseur, et parfois ne fait rien, sans la moindre indication du pourquoi de la chose.
Sur ce sujet, naviguer dans Windows n’est pas impossible (merci l’écran tactile), mais c’est un OS pour clavier et souris et on vous demande de l’utiliser avec une manette. Ne pas inclure de trackpads permet d’économiser de l’espace et du poids, mais j’ai ressenti à maintes reprises un besoin viscéral d’un moyen de contrôle plus précis dans certains menus. Et même parfois dans certains jeux, notamment de stratégie/RTS qui sont bien plus agréables avec les pads haptiques du Steam Deck.
ROG Armory Crate SE est la réponse d’Asus à l’UI du SteamOS.
Asus a fait des efforts considérables pour consolider l’aspect gaming de Windows, ou du moins pour faciliter un peu la gestion avec un stick analogique et des boutons de manette. Le logiciel ROG Armory Crate SE est l’une des applications préinstallées que vous ne voudrez pas supprimer directement, car elle vous propose des raccourcis pratiques vers tous les jeux et launchers installés, et est très agréable à utiliser.
Il y a également un overlay du style SteamOS, ouvert via un bouton dédié juste au-dessus du pavé directionnel. Cela donne un accès facile à différents paramètres d’affichage, profils de refroidissement, un gestionnaire de batterie et performances, et/ou plusieurs autres outils que vous pouvez choisir d’y ajouter. Encore une fois,il est pratique, mais manque de la réactivité incroyable de l’overlay du Steam Deck.
Le bureau de Windows 11 : une vision familière sur un support qui l’est moins.
En passant de l’un à l’autre de ces appareils, j’ai remarqué que l’interface du Deck est plus réactive en général, malgré son APU plus faible. Naturellement, il profite du fait d’avoir été conçu pour des trackpads en premier lieu, mais sur le ROG Ally, il faut souvent un moment pour qu’un bouton de l’overlay réponde à une commande, et il faut souvent plusieurs clics pour lancer un jeu via ROG Armory Crate SE. Tout cela n’enlève en rien l’énorme avantage de compatibilité qu’apporte Windows 11, mais le Steam Deck semble profiter d’une bien plus grande synergie entre logiciel et matériel.
Le Deck profite également d’une bien meilleure durée de vie de la batterie. Il semble évident que le ROG Ally et son écran au plus haut taux de rafraichissement et à la plus haute résolution est plus gourmand en énergie, mais il est surprenant de voir que son profil Performances ne lui permet pas de dépasser les 1 h 30 mn, peu importe le jeu et la résolution. Le Steam Deck ne tient pas beaucoup plus longtemps dans les jeux les plus gourmands, mais il adapte sa consommation d’énergie de façon beaucoup plus efficace lorsque l’APU et les ventilateurs ne tournent pas à fond.
Tous les résultats sont enregistrés avec une luminosité de 50 % et un volume sonore de 50 %. Les paramètres système sont autrement par défaut.
Le profil Silencieux peut parfois aider. Cela permet au ROG Ally de faire tourner RimWorld pendant 2 h 40 mn, ce qui reste moins que le Deck, mais qui permet de tenir pendant un trajet en train un peu long par exemple. Malheureusement, le ROG Ally peut ne pas être très coopératif sur le profil de ventilation utilisé. J’ai voulu tester quelque chose de similaire sur Forza Horizon 5, mais dès que je lance le jeu, le profil retourne sur Performances automatiquement. Attendre et changer le profil une fois le jeu lancé réduit drastiquement les performances jusqu’à 20-25 i/s. Le profil Silencieux ne fonctionne donc que sur les jeux très peu gourmands, j’imagine.
Le stockage, par contre, est à l’avantage du récent arrivé. Le ROG Ally est au même niveau que le Steam Deck le plus volumineux avec un SSD NVMe de 512 Go, ainsi qu’un emplacement pour carte microSD, mais ici, c’est l’interface PCIe 4.0 qui est utilisée, contrairement au PCIe 3.0 du Steam Deck. Cela n’implique pas des différences titanesques, mais le ROG Ally offre globalement des temps de chargement plus rapides.
Shadow of the Tomb Raider a un launcher supplémentaire sur SteamOS, comme il doit tourner sur un portage Linux natif, je n’ai donc pas pu comparer les temps de chargement depuis Steam.
J’apprécie le fait d’avoir pointé de nombreux points négatifs du ROG Ally alors que j’ai commencé l’article par dire que je l’apprécie. Bien sûr, je ne le considère pas comme un meilleur appareil que le Steam Deck à tous les niveaux, mais plutôt comme une alternative. Mais c’est une alternative viable, et au final, perdre un peu de simplicité d’utilisation et de durée de vie de la batterie par rapport au Deck n’est pas si grave lorsque vous avez en échange un plus bel écran, des composants plus puissants, une plus large compatibilité, et un stockage plus rapide. Il n’est même pas beaucoup plus cher que le Steam Deck 512 Go, ce qui est encore une fois une excellente surprise.
L’avantage, c’est que le gaming PC est vaste et vieux, et qu’il y a de la place pour ces deux PC portables en son sein : un léger, flexible et puissant, un autre fiable et durable. Et le truc vraiment chouette, c’est qu’il est impossible de faire un mauvais choix.
… Mais il devrait vraiment être fourni avec un étui.
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